Joan et Anthon Yenni, une vie au FC Bulle
Dans la famille Yenni, je demande les frères Anthon et Joan. Deux joueurs du FC Bulle pour toujours et à jamais. Après plus de vingt ans de bons et loyaux services, dont dix années au sein de la Une, la vie les emmène vers d’autres cieux. Anthon va se consacrer à sa vie familiale et Joan va relever d’autres défis professionnels. Retour sur leur vie au FC Bulle.
Salut les gars, revenons aux prémisses de votre histoire. Est-ce que vous vous souvenez comment tout cela a commencé?
Anthon: Pas vraiment (rires). On avait débuté par des matches dans le quartier où on habitait. Ensuite, on est arrivés au FC Bulle vers l’âge de six ans environ.
Joan: Oui, je me souviens qu’on jouait aussi chez grand-maman avec des amis. Après, on a commencé au FC Bulle en même temps que Sylvain Castella ou Frank Bochud. On a joué très très très longtemps ensemble d’ailleurs. .
Et vous n’avez jamais quitté le club?
Anthon: Non, on a fait tous nos juniors à Bouleyres. Il y a peut-être eu une petite infidélité parce que nous avions été sélectionnés pour intégrer le Team AFF à Fribourg. Mais c’était une corvée d’aller là-bas. On préférait rester entre potes.
Joan: Anthon a résumé toute l’histoire. Cela peut paraître fou, mais on préférait rester jouer à Bulle.
Quels sont vos meilleurs souvenirs des juniors?
Joan: En juniors E, nous avions gagné le tournoi cantonal en salle, ce qui nous avait ouvert les portes de la finale nationale. Je me souviens que nous avions affronté Bâle et Servette. Nous étions loin d’être ridicules! Autrement, avec les inters, nous avions gagné la Coupe fribourgeoise. De beaux moments partagés avec les copains.
Anthon: Nous avions aussi remporté le tournoi Dousse Morel. Un de nos premiers trophées. Cela devait être à Broc, je me souviens qu’il y avait Jonas Murith en pointe.
Comment avez-vous intégrer la première équipe?
Anthon: Jacques Thalmann m’avait poussé avec la UNE alors que je n’étais qu’en juniors B. Je devais avoir quinze ou seize ans lors de mon premier entraînement. J’arrivais dans un vestiaire d’hommes avec des grands noms… C’était quelque peu surréaliste.
Joan: Je suis arrivé un peu après. J’étais le petit jeune qui débarque et je dois dire que je m’étais mis pas mal de pression.
Une anecdocte à raconter sur cette époque?
Anthon: C’était sous l’ère Henchoz. Jacques Thalmann m’avait appelé la veille du match pour me dire que j’allais être titulaire. J’avais fait le déplacement jusqu’à Naters pour découvrir dans le vestiaire que je commençais sur le banc. Au final, je n’avais même pas jouer une minute. J’étais déçu!
Joan: A cette époque-là, j’avais de la peine à me lâcher sur le terrain, parce que je voulais absolument réussir à m’imposer. Je ramassais les ballons durant les matches de la UNE et là je jouais avec eux.
Pourquoi avoir choisi le 20 et le 15 comme numéro de maillot?
Joan: Je vais te décevoir, mais il n’y a pas forcément de raison (rires). Au début, je portais le 22. Une fois, avant le début de la saison, Serge Castella est venu vers moi pour me dire que le 20 était libre. Je l’ai pris et ne l’ai plus jamais rendu. Je m’y suis attaché.
Anthon: Ce numéro m’a été attribué quand j’ai intégré les actifs et il ne m’a plus jamais quitté. Comme Jo, je n’ai pas forcément d’histoire désolé (rires).
Qu’est-ce que ça fait de jouer avec son frère jumeau?
Joan: C’est chiant (rires). Non, je rigole bien sûr. Nous nous sommes poussés l’un et l’autre au fil des années. Si on se faisait une remarque, ce n’était pas pour dénigrer l’autre, mais pour le motiver.
Anthon: Ce fut une super expérience non sans quelques engueulades (amicales bien sûr). Je pense que nous avons aussi fait peur à quelques arbitres ou à certains attaquants adverses.
Durant toutes ces années vous avez côtoyé pléthore de coéquipiers. Lequel ou lesquels d’entre eux vous ont le plus impressioné?
Joan: Sébastien Voelin. C’est le genre de gars qui, sur un champ de patates avec des trous partout, te met une demi volée dans la lucarne opposée. Techniquement, il était au-dessus du lot et c’était un joueur que j’aimais regarder jouer. Sa vision du jeu et son jeu au pied, c’était la grande classe.
Anthon: Je vais tricher en citant un joueur par ligne. Au gardien, je dirais Zimmi (Cédric Zimmermann). Il travaillait beaucoup et était prêt à mourir sur le terrain. Je me souviens qu’une semaine après s’être cassée la main, il voulait jouer. Il avait demandé au médecin de lui mettre des plaques qui lui permettent d’enfiler ses gants. En défense, je dirais Rodrigo Almeida, un Brésilien halluciant de facilité. Au milieu, j’étais fan de Cyril Barnabo, un super joueur. Devant, je prendrais aussi Sébastien. Comme l’a dit Jo, c’était la grande classe.
Jacques Thalmann m’avait poussé avec la UNE alors que je n’étais qu’en juniors B. Je devais avoir quinze ou seize ans lors de mon premier entraînement. J’arrivais dans un vestiaire d’hommes avec des grands noms… C’était quelque peu surréaliste.
Comme joueur qui m’a marqué je dirais Sébastien Voelin. C’est le genre de gars, sur un champ de patate avec des trous partout, qui te met une demi volée dans la lucarne opposée. Techniquement, il était au-dessus du lot et c’était un joueur que j’aimais regarder jouer. Sa vision du jeu et son jeu au pied, c’était la grande classe.
Quel est votre plus mauvais souvenir?
Anthon: La relégation à Martigny en 2014 n’a pas été facile à vivre… Cette défaite 1-0 a déchiré le groupe. Avec Frank (Bochud), Simon (Chatagny), Mica (Da Silva) et Jo, nous avions fait le pacte de rester et de ramener le club en 1re ligue.
Joan: Dans le même registre, il y a la perte de cette finale de championnat contre Portalban/Gletterens en 2017. Si on gagnait, on montait en 1re ligue et on avait perdu… J’avais été expulsé et ce n’était pas un match facile à digérer.
Du coup, la promotion en 2018 garde-t-elle une saveur particulière?
Joan: Oh oui! Enfin nous fêtions cette promotion derrière laquelle nous courrions depuis trois saisons. La quatrième fut la bonne et nous y avions mis la manière. Nous avions terminé le championnat invaincu. Cette promotion était une belle récompense.
Anthon: On avait enfin réussi! Après toutes ses années d’échec, la délivrance avait fait du bien. On a ramené Bulle en 1re ligue. On l’a fait!
Depuis que vous avez commencé au FC Bulle, qu’est-ce qui est resté intact au sein du club?
Joan: Les infrastructures du terrain principal (rires). Plus sérieusement, je dirais que Bulle est un club stable et bien géré. Il a encore un bel avenir devant lui.
Anthon: Jo a raison, si on en est là aujourd’hui, c’est parce que nous n’avons pas fait l’erreur d’engager des mercenaires pour absolument remonter en 1re ligue après la dernière relégation. En outre, le FC Bulle a toujours eu une bonne image en dehors de Bouleyres.
Et qu’est-ce qui a changé?
Joan: L’engouement autour de l’équipe première. Les supporters bullois sont revenus au stade au fil des années. C’était motivant d’entendre les encouragements des tribunes. Les « Hop Bulle » ou les « Alleeez Bulle » vont me manquer.
Quel sentiment prédomine avant votre dernier match en Bouleyres?
Anthon: Je ne peux pas m’empêcher d’avoir un petit pincement au coeur. Cette décision d’arrêter au FC Bulle n’était pas facile à prendre. Ce club fait partie intégrante de ma vie.
Joan: J’ai repoussé le plus longtemps possible cette décision… Mais, aujourd’hui, une page se tourne. Je n’oublierai jamais tous les potes du foot. Ce sport m’a permis de me développer autant sportivement qu’humainement.
Est-ce une fierté d’avoir joué toute votre vie pour le FC Bulle?
Joan: Bien sûr! Quand on était jeunes, c’était l’objectif! Peu de joueurs peuvent se targuer de n’avoir connu qu’un seul club. Je remercie également les dirigeants qui nous ont fait confiance. Nous partons alors que le club truste le haut de classement de 1re ligue. Nous pouvons être fiers de toutes nos années ici.
Anthon: Je ressens également de la gratitude. Grâce à cette expérience, j’ai vécu énormément de choses que je n’aurais jamais pu vivre ailleurs. Je suis reconnaissant envers le club, les coéquipiers et mon frère.
Peu de joueurs peuvent se targuer de n’avoir connu qu’un seul club. Je remercie également les dirigeants qui nous ont fait confiance. Nous partons alors que le club truste le haut de classement de 1re ligue. Nous pouvons être fiers de toutes ces années.
En pensant à toutes ces années, je ressens également de la gratitude. Grâce à cette expérience, j’ai vécu énormément de choses que je n’aurais jamais pu vivre ailleurs. Je suis reconnaissant envers le club, les coéquipiers et mon frère.