Football Junior Bulle

Interview de Charly Grandjean, président d'honneur du FC Bulle
Comment êtes-vous venu au football?

Comme tous les gamins, en le pratiquant d’abord avec mes camarades du hameau des Granges à La Tour-de-Trême. Plus assidûment par la suite, à La Gouglera et à l’internat du Père-Girard (Collège St-Michel). Je jouais alors gardien ou plutôt… ramasseur de balles. Je me souviens des entraînements que je faisais au Grabensaal, par n’importe quel temps, avec Toni Allemann qui est devenu un des premiers footballeurs mercenaires suisses ayant joué en Italie et en Hollande.

Quel a été le premier contact avec le FC Bulle?

J’ai choisi Bulle par commodité plutôt que La Tour où j’y avais passé toutes mes années d’école primaire. En commençant un apprentissage à la Banque Populaire de la Gruyère, je me rapprochais tout naturellement de Bulle. Par ailleurs, je traversais tous les jours à vélo la Rue du Moléson où une pépinière de jeunes s’entraînaient sur un terrain libre de la paroisse sommairement aménagé.

A quel niveau avez-vous commençé?

A l’époque, il n’y avait que des juniors A et B. J’ai fait un premier match avec les B, puis le second directement avec les A. Par la suite, nous avons été sacré champion fribourgeois et sommes montés en Inter A. C’était un événement car l’on jouait contre Servette, Lausanne, Yverdon, La Chaux-de-Fonds, Xamax, Fribourg, Vevey, Monthey et Sion. Nous n’avons pas réussi à nous y maintenir. J’étais capitaine de l’équipe et j’en ai gardé un merveilleux souvenir. L’entraîneur était Bill Grandjean et le coach Roger Zaugg, alors que Louis Lanthemann était président de la section junior. L’esprit d’équipe et la camaraderie n’étaient pas un vain mot. Nous avions notre stamm au Café du Musée où Néné et Georgette Cottier nous accueillaient comme leurs propres enfants. L’équipe comprenait: Gaby Luisoni, Jacques Gobet, Lonlon Fragnière, Coco Corminboeuf, Georgy Vauthey, Roger Siegfried, Michel et Marcel Rime, Pierre Baeriswyl, Bernard Baechler, Robert Bertschy et d’autres qui me pardonneront de ne pas les avoir cités.

Avez-vous une anecdote de cette époque?

Oui, la démonstration de l’esprit d’équipe. Nous sommes dans le car qui nous conduit à Fribourg. Le coach nous annonce à contre cœur que Marcel Rime devrait rejoindre la première équipe (2ème ligue). Marcel était très déçu car il se doutait bien qu’il serait alors remplaçant. Nous avons tous décidé de le garder avec nous pour rencontrer Fribourg. C’était une insubordination. La semaine suivante, j’étais convoqué devant le Commission technique du club (Seppi Egger, Bino Pipoz et Néné Cottier). Elle voulut m’infliger un dimanche de suspension. Alors j’ai répondu que l’équipe ne jouerait pas le prochain match. Il n’ont pas pu appliquer la sanction. Avec le recul, je ne puis qu’approuver la décision de la Commission technique. En tant que capitaine d’équipe, je méritais une sanction.

Je me souviens aussi qu’à la première assemblée générale du club à laquelle j’assistais, il se trouvait deux avocats dans la salle qui s’invectivaient au sujet de la gestion des comptes. Par ailleurs, lors d’une assemblée ultérieure, les juniors avaient obtenus le droit exceptionnel de participer au vote sur la couleur des maillots. Les juniors étant plus nombreux que les seniors, ils firent pencher la balance du côté du rouge/blanc (couleur de la ville) alors que les anciens souhaitaient conserver l’équipement jaune/noir.

Quelle a été la suite de votre carrière de footballeur?

Carrièe est un bien grand mot. J’ai joué quelques matchs avec la première équipe avant de m’exiler en Suisse alémanique pour quatre ans, à St-Gall d’abord, puis à Berne. J’ai joué en 2ème ou 3ème ligue à Flawil. Revenu à Bulle en 1962, j’ai régulièrement joué avec la 2ème équipe en 4ème ligue, puis en vétéran.

Et comme dirigeant?

Je suis entré au comité en 1962 comme vice-président. Une année plus tard, à 24 ans, j’en assumais la présidence et ceci durant 3 ans. Sous la houlette d’Antoine Marbacher, puis de Lucien Raetzo (anciens joueurs de LNA avec Fribourg), le FC Bulle jouait les tout premiers rôles. En 1965, n’ayant subi aucune défaite durant toute la saison, accumulant 10 points d’avance sur le second, le FCB échoit malencontreusement dans les finales pour l’ascension. Vedette de l’équipe, Jean-Claude Bruttin est transféré en fin de saison au FC Sion. Il réussira une belle carrière en LNA, en particulier avec Young-Boys.

Puis vous êtes revenu en 1970?

Le club se trouvant dans l’impasse, les anciens m’ont sollicité pour reprendre les rênes. Je n’ai accepté qu’à la condition qu’un vice-président – …à dénicher – s’engage à reprendre en fin de saison. Bino Pipoz réussit à convaincre mon camarade des juniors inter, Jacques Gobet, d’accepter cette mission. Ce fut l’homme providentiel. Cette année là, j’ai finalisé le transfert de Roger Piccand au Lausanne-Sports où il fit une belle carrière.

Avez-vous disparu durant le règne de Jacques Gobet?

Pas tout à fait. J’ai été l’initiateur et premier président du Club des cents, avant d’en venir à celui des parrains. J’ai aussi soufflé à Jacques Gobet l’idée du parrainage à Fr. 100.— le point. J’avais copié la formule au HC Lausanne. J’ai aussi engagé durant 3 ans Segalo dans le sponsoring de la première équipe (publicité sur les maillots).

Alors jamais deux sans trois?

En 1999, alors que La Gruyère titrait en première page “FC Bulle en faillite”, Jacques Gobet me rappelait opportunément qu’en notre qualité d’anciens présidents, nous avions le devoir de sauver notre club. C’est ainsi que je m’engageai a ses côtés comme coprésident. Ce fut une année difficile. Il a fallu reconstruire, de la comptabilité à la relance des parrains, supporters, annonceurs publicitaires. Nous avons heureusement rencontrer beaucoup de compréhension et de soutien. Entre nous, l’entente était parfaite. Jacques s’activait essentiellement autour de l’équipe alors que je m’investissais dans toutes les tâches financières et administratives. Nous avons néanmoins été soulager de passer le flambeau à Jorge de Figueiredo et Patrice Bertherin qui ont poursuivi – un certain temps du moins – l’expérience de la coprésidence.

Quels enseignements retirez-vous de votre engagement?

C’est avant tout un enrichissement dans la connaissance des hommes. Le football étant un sport collectif par excellence, on y apprend à donner et à partager: la joie, les émotions et les résultats. Présidé un club de cette importance à 24 ans – dont les membres du comité sont tous plus âgés – contribue à renforcer la confiance en soi. C’est une expérience supplémentaire dans le management d’une société. Le football a contribué à faire ce que modestement je suis. Pourtant, j’ai conscience que ma contribution n’est que peu de chose à côté de l’engagement de plus de 25 ans de mon ami Jacques Gobet qui restera à jamais la grande figure du FC Bulle.

Heurs et malheurs de 15 ans de présidence Jacques Gobet
gobet_386_657En avril 1970, lorsque Bino Pipoz et quelques anciens me sollicitèrent pour prendre en mains les destinées du F.C. Bulle, j’acceptai avec enthousiasme à la condition que tout serait mis en œuvre pour quitter la deuxième ligue fribourgeoise et accéder enfin à cette première ligue tant convoitée. Club-phare de la deuxième ligue fribourgeoise, notre première équipe disputait ses matches devant un public clairsemé et dans l’indifférence presque la plus totale. Avec un seul terrain beaucoup trop sollicité par toutes les équipes bulloises et sur lequel se disputaient encore tous les entraînements grâce à 4 ” loupiotes “, avec un budget total de 25 000 fr., il était normal et compréhensible qu’aux yeux de beaucoup mes objectifs paraisssaient utopiques. Mais, comme personne ne s’intéressait à la présidence, on me nomma avec beaucoup d’espoirs, mais sans beaucoup croire à un avenir meilleur.

Après une année d’apprentissage comme vice-président, mon premier travail de président, en juillet 1971, fut l’engagement, comme joueur-entraîneur, de Jean-Claude Waeber, ex-capitaine du F.C. Fribourg et joueur des Young-Boys. En engageant Jean-Claude Waeber, je n’imaginais pas qu’il serait l’artisan numéro un d’une ascension prodigieuse et inespérée, mais j’avais la certitude d’avoir engagé un homme droit, consciencieux, honnête, travailleur et très bon connaisseur du football.

La saison 1971-1972

Ayant hérité d’une excellente équipe, il suffit à notre nouvel entraîneur de la préparer minutieusement et de motiver ses joueurs pour remporter le titre de champion fribourgeois de deuxième ligue et d’acquérir ainsi le droit de participer aux finales de promotion. Je me souviendrai longtemps de ma première saison à la tête du F.C. Bulle. Sans savoir exactement pourquoi, je sentais qu’un vent nouveau soufflait. On parlait football dans les rues, dans les bistrots, le public revenait au stade et les joueurs, merveilleux de camaraderie, d’enthousiasme, en voulaient, y croyaient, et, naturellement, les résultats suivaient. Renens, le super-favori, fut notre premier adversaire lors de ces finales. A Bulle, devant un très nombreux public, Renens gagna facilement 3 à 0 et nous enleva la plus grande partie de nos illusions. Malgré une victoire à Genève contre City lors de notre deuxième match, Renens nous élimina chez lui quinze jours plus tard. Mais, malgré notre déception légitime, le repas qui suivit le match fut une véritable fête et je compris alors qu’un esprit nouveau était né et que nous devions persévérer.

La saison 1972-1973

Grâce à un excellent comité qui se prit au jeu et qui commençait à y croire, nous décidions de nous renforcer et de tout mettre en œuvre pour que cette saison soit la bonne. Grâce à la générosité de Francis Vallélian, que je tiens encore à remercier, et à un léger bénéfice réalisé lors de l’exercice précédent, trois joueurs vinrent renforcer notre contingent avec, parmi eux, véritable bombe des transferts, l’ancien Bullois et international Marc Berset. Super-favori, notre équipe confirmait tous les pronostics et, lors des finales, après avoir gagné 3 à 0 à Assens, gagnait 5 à 1 à Bulle contre Saint-lmier et 2 à 0 contre Assens et accédait ainsi, pour la première fois de son histoire, à cette première ligue tant désirée. La fête, belle, grandiose, était à peine terminée que, déjà, il fallait préparer cette première saison en première ligue. Profitant de l’euphorie, on créait le Club des Cent et on on commençait la vente des premiers panneaux publicitaires.

La saison 1973 – 1974, la plus belle

Grâce à quelques transferts particulièrement bien réussis, Norbert Bapst, capitaine aujourd’hui encore de notre première équipe, Jean-Daniel Perret, Lulu Demierre, Bernard Uldry, pour ne citer qu’eux, la tenue de notre première saison en première ligue fut un véritable triomphe. Alors que chacun nous considérait comme un relégué en puissance, nous nous imposions, chanceusement il est vrai, par 2 à 1 à Monthey lors de notre premier match. Nouvelle victoire, à Bulle cette fois, contre Rarogne lors de notre deuxième match, par 1 à 0. Le départ, tant craint, était réussi et la suite fut un triomphe sans précédent. Sept matches et quatorze points. Bulle seul en tête, personne, même le plus optimiste, n’aurait osé l’imaginer un seul instant. Qui ne se souvient pas de cette équipe généreuse, emmenée par Marcel Rime le capitaine, Gonzales le technicien et Oberson, véritable terreur des défenses ? Qui ne se souvient pas de ce huitième match, à Bulle, contre Meyrin, où le public, si nombreux, enfonça les portes? Combien étaient-ils, au juste ? 4000 ? 5000 ? Personne ne le saura jamais. Et à Nyon, où il n’y avait plus de billets quinze minutes avant le début du match, après en avoir vendu 4000. Malheureusement, après avoir remporté le championnat, la réussite nous abandonna quelque peu lors des finales. Après avoir perdu contre le cours du jeu à Brunnen, on ne put refaire notre retard à Bulle malgré une domination constante. De plus, on perdit notre jeune joueur talentueux Michel Raboud. A la fin de la saison, consciente de nos efforts, la commune entreprit la construction d’un deuxième terrain.

 

La saison 1974-1975

Grâce à nos supporters toujours plus nombreux et à notre public fantastique, nous décidions de renforcer encore notre équipe. Bernard Lambelet, Charly Kvicinsky, Laroussi et, surtout, celui qui allait être notre meneur de jeu et le roi incontesté de notre équipe durant de nombreuses années, Kinet Cotting, notre numéro dix aujourd’hui encore, complétaient notre contingent. Malheureusement, malgré tous nos espoirs, nous terminions le championnat à la cinquième place seulement. Il faut tout de même relever que nos adversaires nous prenaient au sérieux et que nous étions l’équipe à battre. Durant cette saison, l’esprit au sein de notre première équipe changea quelque peu. Des joueurs de l’extérieur, payés, côtoyaient les joueurs bullois, véritables amateurs jouant pour le plaisir avec enthousiasme et avec un cœur “gros comme ça”. Le F.C. Bulle ne sera jamais assez reconnaissant envers ces véritables amateurs sans qui nos ascensions n’auraient jamais été possibles. Grâce à notre Club des Cent toujours plus prospère, à notre fidèle public, à nos panneaux publicitaires toujours plus nombreux, à notre nouvelle publicité parlante, à l’organisation de multiples manifestations extrasportives, à la renaissance et à l’organisation du premier Carnaval bullois en février 1975, notre budget devint rapidement le budget de première ligue le plus élevé et de nombreux bons joueurs, même de Ligue nationale, désiraient venir jouer à Bulle, club réputé par ailleurs pour son excellente ambiance.

La saison 1975-1976

Avec l’arrivée du fantastique Nesto Tippelt, et quelques autres renforts, notre équipe faisait figure de super-favori. Partout, Bulle était attendu avec plaisir et attirait la grande foule. Après un parcours sans faute, notre équipe, championne de son groupe, disputait les finales pour l’ascension en ligue nationale B et se faisait éliminer injustement par Kriens. La commune de Bulle mettait à notre disposition deux terrains éclairés pour les entraînements et dotait, avec la participation financière du club, le terrain principal d’un éclairage conforme aux exigences de la première ligue. En février 1976, nous organisions le premier cortège de Carnaval qui, par un temps splendide, connut un véritable triomphe.

La saison 1976 -1977 : la bonne, la belle

Grâce à l’arrivée de quelques bons joueurs, dont le gardien Läubli, Bulle faisait figure de super-favori, d’épouvantail. Après un excellent championnat, notre équipe, championne de son groupe, éliminait facilement Köniz lors de la première phase des finales. Puis, lors d’un match mémorable, disputé à Bulle devant plus de 6000 spectateurs, notre équipe battait l’autre super-favori, le F.C. Berne, par 4 buts à 0. A noter que le meneur de jeu du F.C. Berne n’était autre qu’Otto Peters, le futur entraîneur du F.C. Bulle. Après un match nul à Berne, lors du match-retour, ce fut le délire, la fête grandiose, inoubliable. Pour la première fois de son histoire, Bulle accédait à la ligue nationale. Au terme de cette saison mémorable, Jean-Claude Waeber, notre entraîneur-fétiche, nous quittait pour prendre en mains les destinées du F.C. Fribourg.

Notre budget grandissant sans cesse, on créait une commission extra-sportive composée de membres amis dévoués et dont les principales tâches étaient l’organisation du Carnaval et la gestion de la grande salle de l’Hôtel-de-Ville sous la responsabilité de Maurice Thiémard.

La saison 1977-1978

Pour la première fois de son histoire, Bulle évoluait en Ligue nationale et, pour la première fois aussi, Bulle était sponsorisé par Salami Epagny. J’aimerais remercier chaleureusement la Maison Epagny et spécialement son patron, mon ami Joseph Rime, pour l’immense soutien, tant moral que financier, qu’ils nous ont apporté durant de nombreuses années.

Quelques départs, dont celui d’Ernest Tippelt, quelques arrivées, dont celle de Jean-Claude Bruttin, et c’était le baptême de la Ligue nationale sous la conduite de notre nouvel entraîneur, Alphonse Edenhofer. Après un début très difficile, nous décidions, grâce à la générosité de quelques supporters, de renforcer notre équipe par l’engagement d’un professionnel, Leifson. Malgré notre enthousiasme, cette première saison en Ligue nationale B se terminait par notre relégation en première ligue. Heureusement, grâce à la camaraderie et à l’enthousiasme des membres du comité et des joueurs, nous décidions de remettre l’ouvrage sur le métier.
La saison 1978-1979
Jouant dans le groupe suisse-alémanique, notre équipe, toujours sous la conduite d’Alphonse Edenhofer, se reprenait magnifiquement et terminait son championnat au deuxième rang. Lors des finales, elle échouait contre Rarogne.

La saison 1979-1980

Avec le retour de notre entraîneur-fétiche Jean-Claude Waeber et quelques bons transferts, notamment Blanchard, Hirschy, Piccand, notre équipe renversait tout sur son passage et terminait première de son groupe, à nouveau romand. Au terme du premier match des finales, à Bulle contre Altstaetten, tout semblait perdu puisque nous faisions match nul 2 à 2 après avoir été menés par 2 à 0. Au match retour, à Altstaetten, au terme d’une partie fantastique, notre équipe éliminait Altstaetten par 4 à 1, Altstaetten qui n’avait pas perdu un seul match de toute la saison sur son terrain. Lors du deuxième tour, notre équipe éliminait Emmen et c’était à nouveau la fête, splendide, grandiose, et une nouvelle ascension en ligue nationale B.

 

La saison 1980-1981

Sous la conduite de Jean-Claude Waeber et grâce à l’arrivée de quelques très bons joueurs, Mantoan, Dorthe, Gobet, Fillistorf, notre équipe disputait un championnat mémorable, déjouait tous les pronostics et terminait au troisième rang. Grâce à la restructuration de la Ligue nationale, les trois premiers étaient promus en ligue nationale A et, pour la première fois de son histoire, Bulle accédait à la ligue nationale A.

 

La saison 1981-1982

Si l’impensable était arrivé, le plus dur restait à faire. De petit club de deuxième ligue. Bulle était devenu le petit, l’inconnu de la ligue nationale A. Un club de sponsors, présidé par Pierre Rime, naissait et, grâce à leur générosité, nous pouvions acquérir définitivement Fillistorf, Gobet, Cuennet, du F.C. Fribourg, puis Golay de Chênois, Sampedro de Xamax, Reali de Young-Boys, Bouzenada de La Chaux-de-Fonds, Duc en prêt d’Estavayer, et d’autres. Devant l’engouement populaire, la ville construisait des gradins en béton côté Bouleyres et décidait d’entreprendre la construction de nouvelles tribunes avec vestiaires. Les vieux vestiaires étaient également complètement transformés. Le F.C. Bulle louait à Gstaad des tribunes provisoires en tubulaires pour permettre aux nombreux spectateurs de suivre les matches dans les meilleures conditions. Après un championnat très difficile, on le savait, Jean-Claude Waeber et son équipe réussissaient l’exploit impossible, soit le maintien en ligue nationale A.

La saison 1982-1983

Notre deuxième saison en Ligue nationale A. La plus difficile, la plus amère, la plus pénible. Alors que dès le mois de septembre on peut utiliser les nouvelles tribunes, la Ville entreprend la construction de gradins côté ville. Pour cette deuxième saison en Ligue nationale A, de nombreux joueurs viennent compléter l’effectif de Jean-Claude Waeber, soit Saunier, Ruberti, Schnydrig, Gacesa, tous de Sion, Morandi, de Xamax, Mora, de Fribourg, et quelques autres. Mais, plus que ces trop nombreuses arrivées, c’est surtout le départ de notre meneur de jeu, Kinet Cotting, qui va affaiblir notre équipe. Après un début de championnat catastrophique, l’ambiance et la camaraderie au sein de l’équipe dégénèrent, des clans se forment, l’entraîneur est discuté, le comité doute, le public déserte le stade, les supporters n’y croient plus. Plutôt que d’admettre que notre équipe n’a pas le format de la Ligue nationale A, plutôt que d’accepter nos défaites, nullement déshonorantes si l’on considère la valeur de nos adversaires, le comité, voulant tout essayer pour sauver ce qui pouvait encore l’être, décide de se séparer de Jean-Claude Waeber et fait appel pour le remplacer à un jeune entraîneur bullois, Jacques Despond. Dès le mois de janvier 1983, Jacques Despond et ses collaborateurs mettent tout en œuvre pour préparer le mieux possible notre équipe et la sortir des deux fatales dernières places. La camaraderie s’améliore, le début du deuxième tour nous permet d’espérer, le public revient, mais, malheureusement, l’espoir est de courte durée. Tandis que nos adversaires directs gagnent. Bulle s’enlise de plus en plus et, dès le début avril 1983, il faut admettre que la relégation est inévitable. Durant cette saison maudite, ma principale déception fut de constater que le public et nos supporters désertaient le stade parce que notre équipe perdait, sans comprendre et admettre qu’elle perdait contre plus forts qu’elle. J’aimerais ici rendre hommage à notre entraîneur-fétiche Jean-Claude Waeber. Je souhaite que les nombreuses ascensions et les joies inoubliables qu’il a connues au F.C. Bulle lui permettront d’oublier rapidement notre décision de novembre 1982 et que, très bientôt, il puisse à nouveau porter dans son cœur le F.C. Bulle.

La saison 1983-1984

Après les peines, les soucis et les déceptions de la saison 1982 – 1983, le réflexe naturel d’un président normal aurait été de s’en aller, surtout après douze années de présidence… Je vous confesserai que je l’ai sérieusement envisagé jusqu’au jour où j’ai lu que l’aventure du F.C. Bulle était terminée, que joueurs et dirigeants voulaient quitter le bateau et le laisser sombrer. Or, ce jour-là, j’ai estimé qu’après tant d’efforts consentis par les membres de mes comités et de la commission extra-sportive durant mes douze années de présidence, qu’après le soutien massif de nos sponsors, supporters, public, qu’après tant d’aménagements consentis au stade par la commune, on n’avait pas le droit de quitter le bateau. J’ai convaincu alors mon comité que nous devions nous serrer davantage encore les coudes, motiver à nouveau nos supporters et notre public afin qu’ils retrouvent avec plaisir le chemin de Bouleyres et faire de notre équipe une équipe attractive de Ligue B.

Après quatre années de précieuse collaboration, le regretté Docteur Godel nous quitte et est remplacé, comme médecin du club, par le Docteur Scholler que je tiens encore à remercier. On forme un club de parrains qui a pour but de soutenir notre équipe en versant 100 fr. par point obtenu en championnat par notre première équipe.

Grâce à la compréhension de mon ami Charly Grandjean, directeur de la Maison Segalo et ancien président du F.C. Bulle, la Maison Segalo remplace Salami Epagny comme sponsor de notre première équipe.

Tandis que Morandi, Blanchard, Gacesa, Duc que l’on aurait tant aimé garder, Tornare notre espoir et d’autres quittent notre club, José Hofer de Xamax, Gilles Aubonney de Fribourg, Gérald Rumo de Farvagny et surtout le revenant Kinet Cotting renforcent notre équipe qui fait figure de favori dans ce championnat si difficile de Ligue B. Pour des raisons professionnelles, Jacques Despond quitte son poste d’entraîneur et est remplacé, à la tête de notre première équipe, par Otto Peters, ex-entraîneur du F.C. Berne. Après un départ moyen, Otto Peters quitte notre club à la fin septembre 1983 et est remplacé jusqu’à la fin du premier tour par Bachir Bouzenada. Tandis que le premier tour ne nous a pas apporté les satisfactions espérées, Roland Guillod prend en mains les destinées de notre première équipe dès janvier 1984 et termine le championnat au cinquième rang.

 

La saison 1984-1985

Pour cette saison de notre septante-cinquième anniversaire, l’objectif de notre entraîneur Roland Guillod est de terminer le championnat dans les cinq premiers, tout en présentant un football attractif. Si Villoz et Dorthe ont quitté notre club, notre entraîneur peut compter sur les arrivées de Bernard Greub, centre-avant du F.C. Sienne et redoutable buteur, Richard de Xamax et Klaus Hartmann du F.C. Fribourg. De plus, Gégène Parlier, ancien gardien de notre équipe nationale, s’occupe de la formation de nos gardiens. Tandis que notre équipe semblait s’acheminer vers une fin de championnat paisible, grâce à quelques victoires successives et aux défaites de nos adversaires directs, l’espoir fou d’une nouvelle ascension en Ligue nationale A naissait à deux rondes de la fin, puisque notre retard sur le deuxième promu n’était plus que de 3 points. Malheureusement, une défaite imméritée à Laufon nous enlevait nos illusions et notre première garniture terminait le championnat au 7e rang. Si, en cette année du 75e anniversaire, notre deuxième équipe est promue en quatrième ligue, si notre équipe de juniors A a échoué en finales d’ascension en catégorie inter-régionales, si notre équipe de juniors C est promue en catégorie inter-régionale, si notre équipe seniors est championne cantonale, on doit, malgré tous ces succès, constater une forte diminution de nos spectateurs. Pour la première fois de ma présidence, l’exercice boucle par un important déficit qui, je l’espère, n’est pas le début des vaches maigres.

Si j’ai peut-être un peu trop parlé de notre première équipe, je voudrais aussi relever tout le travail accompli dans notre section juniors et remercier chaleureusement tous leurs responsables, tous leurs entraîneurs pour leur dévouement, leur compréhension et leur attachement aux couleurs bulloises. Malgré quelques apparitions en catégories interrégionales, je souhaite que le F.C. Bulle puisse compter un jour pas trop lointain une équipe interrégionale dans chaque catégorie de jeu.

Je voudrais aussi remercier tous nos vétérans et les féliciter pour leurs excellents résultats ainsi que pour la merveilleuse ambiance qui règne au sein de leur section.
Conclusion
En cette année du 75e anniversaire, je suis fier et heureux de pouvoir affirmer que Bulle est aujourd’hui un club de Ligue nationale à part entière.

J’aimerais profiter de cette occasion pour remercier sincèrement tous les membres de mes différents comités pour leur dévouement, leur gentillesse et tout le travail accompli en faveur de notre club. Permettez-moi toutefois de relever ici les mérites particuliers de Jacques Jelk, mon bras droit durant de nombreuses années, et Jean-Pierre Scyboz, notre actuel administrateur.

J’aimerais aussi remercier particulièrement toutes celles et tous ceux qui ont fait et font partie de notre commission extra-sportive, véritable cheville ouvrière de notre club, avec une mention spéciale pour leurs présidents, Bino Pipoz d’abord, Emile Philipona ensuite, Jean Schouwey et Roland Vienne aujourd’hui.

Un immense merci aussi à toute et à tous les membres de notre Comité des supporters. Comité indépendant et dirigé de main de maître par Michel Fragnière.

Un grand merci aussi à l’autorité communale qui a mis à notre disposition de magnifiques installations qui font qu’aujourd’hui Bulle n’a pas à rougir d’évoluer en Ligue nationale.

Pour terminer, laissez-moi dire à tous nos parrains, membres d’honneur, supporters, annonceurs, membres et à tous ceux qui nous font le plaisir de venir à Bouleyres un grand merci.

En route pour le 100e anniversaire
Bulle est et doit rester en Ligue nationale. Un nouveau mouvement juniors, dirigé par une équipe compétente placée sous la responsabilité de Jacques Despond, doit, dans les années à venir, alimenter notre première équipe.

Si nos parrains, nos supporters et l’autorité communale continuent à nous soutenir, si notre public revient à Bouleyres nous encourager et si des membres dévoués et passionnés de football acceptent de faire partie de nos différents comités, alors, le F.C. Bulle vivra et restera longtemps encore en Ligue nationale.

Jacques Gobet
Président

Hommage à Jacques Gobet: Président d'honneur du FC Bulle Décédé le 5 août 2002 (par Charly Grandjean, président d'honneur)

1. L’homme

Jacques est un homme éminemment attachant. Penché vers vous, légèrement voûté, il vous tend une main accueillante et ferme. Il vous toise d’un œil profond au coin duquel pointe déjà un soupçon de malice. Il se fait immédiatement une opinion de son interlocuteur. Il s’en tient à cette première impression. Il accepte le dialogue, mais il est souvent difficile de le faire changer d’avis. Il est volontiers provocateur…prêche le faux pour savoir le vrai. Il sait même être de mauvaise foi. Il se nourrit sans scrupule de la rumeur et cultive avec délectation des ragots que colportent le bouche à oreilles! Il lance des mots qui font flèche pour immédiatement en tester la portée. Il balance des phrases assassines qui font mouche. Elles pourraient parfois blesser, mais on le lui pardonne, car ce n’est jamais dit avec méchanceté. A l’heure du petit-déjeuner, il tient table à la Potinière où des amis fidèles et conquis à sa cause l’écoutent béatement tel le gourou de Jéricho.

2. La générosité

Mais Jacques se conjugue surtout en termes de générosité. Davantage que celle du porte-monnaie, c’est la générosité de l’âme et du cœur qui prédomine, celle du temps consacré à l’écoute de l’autre. On ne sollicite jamais Kino en vain. Il ne saurait dire non. Il finit toujours par répondre positivement à une sollicitation. Il ne s’est pas seulement engagé en faveur du FC Bulle, il a œuvré à d’innombrables reprises et au profit de multiples causes, qu’elles soient sportives ou philanthropiques.

 

3. La passion

Mais Jacques, c’est avant tout la passion. Celle qu’il a vouée au FC Bulle. Il y est entré comme on entre en religion – à l’âge de 30 ans – après avoir fait ses classes dans les juniors du club. Le FC Bulle était sa maîtresse. Il lui a été fidèle et elle le lui a bien rendu. Il lui a sacrifié le meilleur de lui-même – l’essentiel de son temps – pas seulement ses loisirs. Jacques s’est révélé à lui-même et s’est réalisé au travers du FC Bulle. Il a bien souvent évoqué son club, rarement sa réussite professionnelle. Il restera l’homme qui a su forcer le destin. Alors que Bulle et la Gruyère ne disposaient pas du potentiel à viser les sommets, Jacques y a cru. Il s’est fixé des objectifs qui paraissaient inatteignables à toutes personnes sensées. Il a su s’entourer de collaborateurs compétents et entièrement dévoués à sa cause. Il n’a d’ailleurs jamais occulté qu’il leur devait l’essentiel de sa réussite. Mais Jacques a surtout déployé des trésors d’imagination pour dégager les moyens nécessaires à sa politique élitaire. Pari risqué, mais pari gagné au delà de toutes les espérances. Je ne vais pas ici retracer le parcours fabuleux du FC Bulle sous sa présidence. Vous tous ici présents l’avez vécu et avez vibré à ses succès.

4. L’amitié et la fidélité

L’amitié et la fidélité ont été un fil conducteur tout au long de sa vie. Patron à poigne, homme de conviction, il se devait d’être ferme et exigeant. Il ne s’est toutefois jamais départi d’un profond sens de l’amitié et de la fidélité. Il était proche de ses joueurs auxquels il vouait une réelle affection. Non seulement l’aspect sportif l’intéressait, mais également la personnalité et l’environnement du joueur lui paraissaient essentiels. Les anciens l’ont bien ressentie, eux qui lui ont témoigné leur reconnaissance en organisant sa “soirée” de mars dernier à l’Hôtel-de-Ville. Sa fidélité, il l’a démontrée aussi à l’égard de ses entraîneurs, à l’endroit de Jean-Claude Waeber – l’autre artisan du succès du FC Bulle – plus de 15 ans à ses côtés. Finalement, il n’y aura que Gobet pour dénigrer Gobet qui n’avait pas besoin de lui pour faire l’unanimité dans le milieu du football helvétique.

Car ne l’oublions pas, Jacques Gobet a aussi déployé une intense activité à l’échelle suisse. Il a été un membre influent du Comité de la ligue nationale. Il a siégé de nombreuses années à la Commission de recours en matière de transferts. Il était devenu un spécialiste du calcul des indemnités entre clubs. A son décès, il était encore vice-président des Amis de l’équipe suisse. Il a gardé un solide réseau de relations et d’amitié auprès des principaux dirigeants du football national. Le FC Bulle a largement tiré profit de ce tissu de relations, particulièrement lorsqu’il s’agissait de recruter des joueurs.
5. La discrétion
C’est dans la discrétion et l’humilité que tu as décidé de nous quitter en ce lundi 5 août 2002. Pour ton dernier voyage, tu as choisi l’Armée du Salut plutôt qu’un ***** étoiles auquel tu étais habitué. Aux restaurants gastronomiques, tu as privilégié la simplicité du Resto du Cœur. Ce n’est pas le moindre paradoxe pour ceux qui ont en mémoire tes coups de gueule pouvant faire ou défaire la réputation d’un restaurateur aussi cruellement qu’un critique culinaire …ben! voyons! Pour ta dernière prestation, tu as édicté des directives draconiennes. L’inhumation, tu l’as voulu dans la plus stricte intimité de la famille, avec une annonce post mortem. Ton humilité t’a poussé à refuser toute nécrologie élogieuse, toute homélie louangeuse. Tu as même exigé qu’aucun titre du FC Bulle ne figure sur le faire-part. Toi qui aurais pu prétendre aux témoignages de reconnaissance d’une ville entière à laquelle tu as donné les lettres de noblesse de deux participations à l’élite du football nationale, tu as choisi de partir dans la discrétion et la modestie. C’est tout en ton honneur. Tu apportes une preuve supplémentaire que tu savais t’engager, donner, partager sans te préoccuper du moindre remerciement, ni solliciter la plus petite reconnaissance.
6. La mémoire
Tu resteras à jamais vivant dans la mémoire de ceux qui ont eu le privilège de te connaître et de t’apprécier. Tu as marqué à nul autre pareil l’histoire du FC Bulle auquel tu auras consacré près de 30 ans de ton existence. Chapeau bas devant une telle somme de travail, de dévouement et d’abnégation. Tu laisseras des empreintes indélébiles dans les annales du club. Chacun de nous gardera une anecdote, un souvenir, une image de ce Président hors ligne. Toutefois, celle qui marquera sans doute les esprits, c’est une silhouette massive, à la fois présente et furtive, hantant la cage adverse tel un fantôme.

Je t’embrasse Jacques et je te dis merci au nom de tous tes amis du FC Bulle.

Charly Grandjean

 

Le foot est une école de vie

En vingt-cinq ans de présidence, Jacques Gobet a marqué la vie du FC Bulle. Ce soir, quelque deux cents personnalités du club gruérien rendent hommage a cet homme aujourd’hui diminué par la maladie. «C’est un peu comme un joueur qui rate un penalty. Il ne peut plus rien changer. Il doit l’accepter et rester positif», dit-il, philosophe.

Qui parle du FC Bulle en vient forcément à évoquer le nom de Jacques Gobet. Durant ses vingt-cinq années de présidence, le Gruérien a contribué à écrire les plus belles pages d’histoire du club. Même s’il a pu paraître quelquefois autoritaire aux yeux de certains, l’homme a marqué toutes les personnes qui l’ont côtoyé. Les anciens joueurs, entraîneurs et dirigeants ont ainsi décidé de lui rendre hommage, ce soir après la rencontre Red Star – Bulle. Rencontre avec un homme qui lutte contre la maladie avec philosophie.

 

Quels sont les meilleurs souvenirs que vous avez gardés de vos années au FC Bulle?

 

Les mauvais, je les ai oubliés! Je n’ai gardé que les bons. Et il y en a eu tellement! Je ne vais pas parler de joueurs, car je risquerais d’omettre des noms. Ni évoquer des époques. Ce qui m’a avant tout marqué au FC Bulle, c’est l’état d’esprit. C’est grâce à l’amitié qui liait les anciens, mais aussi aux parrains et aux supporters, que le club a pu vivre les belles aventures de la ligue A. Les joueurs qui ont porté le maillot du FC Bulle sont aussi tous restés très proches du club et viennent régulièrement aux matches. Cette amitié qui perdure entre les anciens est révélatrice de l’ambiance particulière qui règne à Bulle.

Où avez-vous trouvé la force pour exercer vingt-cinq ans de présidence?

 

La grande amitié qui unissait les différents membres du comité. Des gens exceptionnels, travailleurs. Et les joueurs nous l’ont toujours bien rendu. Lorsqu’on exerce une fonction dirigeante dans le sport, on peut le faire par envie politique. Ça n’a jamais été mon but. Seule la passion m’a animé. Le football, c’est pour moi comme une drogue. Dans la vie, celui qui n’a pas d’hobbie doit être bien malheureux!

 

Pendant les matches, vous vous mettiez toujours derrière les buts de l’adversaire. Pourquoi?

 

C’était pour attirer les goals! Les joueurs savaient où je me trouvais. Surtout, je n’aimais pas aller dans les tribunes, car certaines personnes critiquaient systématiquement les joueurs. En étant au bord du terrain, ça me permettait aussi de pouvoir m’exprimer. Car je m’emballais aussi facilement.

Au cours de vos années passées dans le milieu du football, avez-vous développé un trait de caractère qui vous aide à lutter contre la maladie?

 

Non. On est lutteur ou on ne l’est pas! J’ai toujours eu ce tempérament. J’ai tout de suite accepté la maladie, avec philosophie. C’est un peu comme un joueur qui rate un penalty. Il ne peut plus rien changer. Il doit l’accepter et rester positif. Dans la vie, ce n’est jamais tout noir ou tout blanc. Il faut s’en accommoder. Il ne faut pas non plus faire preuve d’égoïsme. Certains se trouvent dans une situation pire que la mienne.

Quel regard jetez-vous sur le FC Bulle actuel?

 

Je leur prédis un bel avenir. Le ciel n’a pas encore viré au bleu. Mais les finances sont saines et le comité maîtrise le budget. De plus, les supporters et les parrains sont toujours derrière le club. Je souhaite aux dirigeants actuels d’avoir récolté autant de bons souvenirs que moi lorsqu’ils achèveront leur mandat.

Quel message auriez-vous envie de transmettre aux jeunes footballeurs?

 

Soyez patients! J’ai trop vu des jeunes arrêter le football parce qu’ils n’étaient que remplaçants. Dans ce sport, on cultive l’amitié. C’est la plus belle école de vie.

 

Textes: Alain Sansonnens
Article “La Gruyère” 09.03.2002

Steve Guillod
guillod_800_533Meneur d’hommes, gagneur hors pair et fin tacticien, Steve Guillod avait tout pour devenir entraîneur. Provocateur à ses heures, l’homme fort de Bouleyres ne cache pas son ambition: disputer le tour de promotion avec le FC Bulle. A deux jours de la reprise du championnat, conversation avec le nouveau mentor bullois.

Steve Guillod: «Je vis toujours les mêmes émotions, que ce soit en 4e ou en 1re ligue» (photo M. Rouiller)
Steve Guillod est maître d’école. Rien d’étonnant, dès lors, à ce qu’il réponde de façon concise et structurée aux questions. Un brin démago? Peut-être. Plus étonnant par contre, la formidable passion qu’il dégage, l’émotion qu’il transmet et qui le nourrit. Parce que c’est un gagneur, il ne pardonnera rien aux joueurs. Parce qu’il a la compétition chevillée au corps, il veut mener le FC Bulle jusqu’en LNB. Une rencontre, histoire d’en savoir plus sur le nouvel homme fort de Bouleyres.

Steve Guillod, quels sont vos plus forts souvenirs de LNA?

Un match de Coupe d’Europe contre Anderlecht, où j’étais titulaire avec Grasshopper. Nous avions aussi joué contre l’équipe nationale d’Iran, devant 80000 personnes. C’était la première fois qu’un club retournait en Iran après la révolution. Dans un autre registre, je pense avoir marqué le plus bel autogoal à Bertrand Fillistorf. Je «tenais» Sonny Anderson, qui jouait encore à Servette. J’étais très fier d’avoir réussi à le défendre. Sauf que j’ai marqué contre mon camp. Avec Bertrand, on en rigole encore souvent.

Quelles étaient vos qualités de joueur?

Un gagneur hors pair, un tempérament terrible, un bon jeu de tête, des bases techniques intéressantes et une bonne lecture du jeu. J’étais plutôt malin, mais très mauvais dribbleur. Et je détestais la condition physique!

Devenir entraîneur s’est-il fait naturellement?

A cause de mes blessures, j’ai vécu une fin de carrière douloureuse à Bulle [n.d.l.r.: à 24 ans]. Je ne pensais pas que ça arriverait si vite. Par contre, j’avais le tempérament pour devenir entraîneur.

C’est-à-dire?

Je suis un meneur d’hommes! Et, comme je l’ai dit, un gagneur. Avant d’arriver à Bulle, cet automne, j’avais vécu trois tours de promotion en tant qu’entraîneur-joueur. Chacun de ces matches était un moment exceptionnel, même si nous ne jouions pas devant 80000 spectateurs!

Qu’est-ce qui vous plaît dans le rôle d’entraîneur?

On peut communiquer et transmettre certaines choses. Il y a aussi ce qui est inexplicable, car très égoïste. Après une victoire par exemple, la satisfaction personnelle est différente. On ne peut pas partager totalement ses émotions avec les joueurs. Sinon, ça voudrait dire qu’on n’est pas vraiment entraîneur. De plus, il faut être le premier à garder les pieds sur terre. Même en pleine euphorie, l’entraîneur sait que le prochain match peut être le début des ennuis.

Par vos propos dans la presse ou vos discours d’avant-match vous utilisez souvent la provocation. C’est ainsi que vous fonctionnez?

Je suis très joueur, même si cela comporte un risque. Mais je reste juste dans mes choix. Je ne peux pas admettre que les joueurs se contentent d’un acquis. Je vais toujours les pousser. Cela peut effectivement passer pour de la provocation. Mais provoquer, c’est aussi estimer. Le jour où je serai sans mots pour eux, c’est qu’ils auront perdu ma considération. Ce sera alors le moment de partir.

Vous aimez aussi faire vibrer leur corde sensible…

C’est vrai. Je ne peux pas m’empêcher, avant chaque match, de leur rappeler la chance qu’ils ont. Ils pratiquent un sport qu’ils aiment dans de bonnes conditions. Dans une équipe, celui qui n’a pas tout donné n’a rien donné. Mais plus ça avance, plus je relativise mon impact sur l’équipe. Ce doit être la sagesse. On n’est pas le même entraîneur à 24 ans qu’à 35.

Comment vous sentez-vous au FC Bulle?

Humainement, je me plais beaucoup. De plus, c’est une expérience enrichissante, qui relève d’un défi personnel. Maintenant, je pense que l’on peut toujours améliorer les choses. Au FC Bulle, il y a 300 juniors. De par ma profession, je suis très sensible aux problèmes que connaît la jeunesse. Je pense qu’il y a un gros travail à faire chez les hommes politiques. Car si un rond-point peut coûter 250000 francs, il me semble que 300 jeunes peuvent aussi y avoir droit.

Comment aimeriez-vous que vos joueurs vous décrivent?

Passionné, mais juste. Compétent, mais humaniste. Tout ça pour dire que j’espère être quelqu’un d’équilibré!

En quoi l’homme Steve Guillod est-il identique et en quoi est-il différent de l’entraîneur?

J’essaie de vivre le moment présent comme une expérience unique, très forte. Le foot et ma vie prennent le même chemin à ce niveau-là. Mais pour moi, la vie doit être faite de surprises et d’inconnu. Tout ce qu’un entraîneur déteste.

Quel est votre rêve le plus fou?

Disputer la Ligue des champions avec Bulle! A part ça, il y a un rêve que j’ai vraiment envie de vivre: travailler avec ce même groupe un peu plus qu’une année. Parce que nous avons de belles choses à faire ensemble.

Textes: Karine Allemann
Article “La Gruyère” 27.02.2003

Bertrand Fillistorf
fillistorf_250_209Phénomène de longévité, Bertrand Fillistorf a entamé sa 23e saison dans la cage du FC Bulle, qu’il défendait déjà en 1980 Gardien un jour, gardien toujours. Itinéraire d’un homme qui s’apprête à poser ses gants pour cause de blessure
“Je n’ai pas l’impression que plus de vingt ans ont passé. Dans ma tête, je n’ai pas le sentiment d’avoir vieilli. C’est pour cela que je joue toujours…”

Pensif, Bertrand Fillistorf contemple Bouleyres, laisse courir son regard sur cette pelouse qu’il foulait déjà en 1980. Pensionnaire de LNA, le FC Bulle faisait alors le plein, attirait la grande foule quand GC ou Servette débarquait en Gruyère. A l’époque, la fréquentation dépassait les 6000 spectateurs de moyenne, avec des pointes à plus de 7000 contre Xamax ou Vevey; désormais, le club vivote dans l’anonymat de la première ligue et l’affluence est aujourd’hui retombée à quelques centaines de nostalgiques, guère plus. Si Bulle ne fait plus recette, Fillistorf, le très fidèle gardien des lieux, est toujours là, qui, à 41 ans, vient d’entamer sa… 23e saison dans la cage fribourgeoise. Un attachement, une fidélité à des couleurs, un enracinement à une région qui tranchent avec la manie des footballeurs actuels, affublés d’une bougeotte perpétuelle, changeant de maillot à chaque occasion. “Bulle, c’est une partie de ma vie. Je ne me voyais pas partir ailleurs pour (re)trouver… la même chose.”

Aussi comprend-on aisément que le gardien de Bouleyres ait tout vu, tout connu (la LNA, la LNB, dorénavant la première ligue) là-bas; voyant défiler des générations de joueurs, des dizaines d’entraîneurs et de techniciens en tout genre. “J’ai survécu à tous les changements, s’amuse-t-il, l’oeil rieur. Avec le nouveau règlement, le gardien fait davantage partie de l’équipe et du jeu. On joue plus avec lui. Désormais, on se sent seul uniquement quand on encaisse un but…” Dans le vestiaire bullois cette saison, le Barthez (ou Kojak) local pourrait aisément être le père des plus jeunes joueurs. “Je m’adapte à la jeunesse. Quand j’avais 20 ans, c’était différent. Aujourd’hui, on a 20 ans autrement. Alors, forcément, j’éprouve naturellement plus d’affinités avec les anciens…”

Gardien, Bertrand Fillistorf l’était déjà chez lui, à Fribourg, lors de ses débuts en juniors D. “Les E et les F n’existaient pas encore… Parce que j’étais le plus petit, on m’a mis en cage. Je n’en suis jamais ressorti.” Après avoir goûté, à 17 ans, à la LNB avec Fribourg, il signait à Bulle pour… toujours. “Quand on s’enracine quelque part, cela devient difficile de partir. On ne fait que repousser une échéance qui n’arrive jamais.” Une seule fois, en plus de vingt ans de carrière, Fillistorf posera son sac ailleurs, fera une infidélité à Bulle lors d’un court exil de six mois à NE Xamax. “J’avais alors déjà 33 ans. C’était à l’issue de notre deuxième aventure en LNA (saîson 1993-94)…” Seuls quelques centimètres de pas assez – il ne mesure “que” 1,78 mètre sous la toise – l’ont empêché de percer au plus haut niveau, de faire carrière dans un club plus huppé.

Quand Fillistorf découvre la LNA en 1981, il gagne 18 000 francs par… saison; de quoi arrondir les fins de mois de cet installateur sanitaire – une profession qu’il exerce chez le même employeur depuis vingt-cinq ans. A l’heure du bilan, l’évolution malsaine de son sport, la volonté, manifestée jusque dans les bureaux de la Ligue nationale, à Mûri, de privilégier le football des villes au détriment de celui des champs l’inquiètent: “On veut promouvoir un football de riches alors qu’il n’y a plus d’argent. C’est un non-sens. Pro, c’est dans sa tête qu’il faut l’être. Professionnels et amateurs doivent pouvoir cohabiter dans la même catégorie. Sinon, des régions entières vont disparaître de la carte.” Une carte de la Ligue nationale qui ne comprend plus le nom de Fribourg depuis la relégation de son dernier représentant en 1994. L’éparpillement des talents et la concurrence effrénée que se sont livrée ses meilleurs clubs ont fini par siffler hors jeu tout un canton. “La rivalité féroce des différents clubs a desservi les intérêts du foot fribourgeois.”

Au fil des saisons, année après année, l’habitant de Marly (FR) aura marqué, accompagné quantité de suiveurs, d’amoureux du FC Bulle, qui, vieillissant en même temps que son gardien, n’ont pas vu filer le temps. Quand l’abonné de la cage s’arrêtera-t-il de plonger? Scoop, imaginez-vous que Bertrand Fillistorf se prépare à… jeter l’éponge. Un arrêt (de la compétition) sur blessure. Un genou gauche récalcitrant, opéré voici quinze ans suite à un choc avec Gabor Pavoni, l’attaquant d’Etoile Carouge, l’oblige aujourd’hui à lever le pied, à adapter ses entraînements, à ne pas forcer. “Les médecins auraient voulu que j’arrête cette saison. Mais c’était plus fort que moi. J’ai remis ça…” Au fond de lui-même, le Bullois le sait: il ne prendra pas le risque d’aggraver l’état d’un genou déjà victime d’arthrose. Sur son corps meurtri, cabossé, une dizaine de balafres et de cicatrices témoignent de la dureté de la condition de gardien. “Promis, cette fois, c’est ma dernière saison…”

La retraite programmée de Fillistorf à Bulle pose – “enfin”… – la question de sa succession, tant il est vrai qu’il ne faisait pas bon être No 2 à Bouleyres depuis 1980. “La plupart de mes remplaçants ont préféré partir ailleurs. Avec moi, ils avaient peu de chances de jouer. Il fallait être patient…” Très patient même. Actuel No 2, Yannick Surchat est pressenti pour succéder à un monument.
UNE-DEUX Un gardien se contruit tout seul

Votre plus belle saison?

Ma première année de LNA, en 1981. Les gens découvraient Bulle. Et il y avait du monde au stade. Aujourd’hui, c’est le désert…

Un souvenir parmi d’autres?

Un bon nul, 1-1, aux Charmilles

Une “boulette” horrible?

Il y en a eu plusieurs (rires)! Le genre de ballon qui rebondit sur l’épaule avant de filer dedans.

L’entraîneur qui vous a (le plus) marqué?

Didi Andrey, pour sa lecture du jeu, sa passion du foot. il a apporté un plus. Il avait sa disposition la meilleur équipe qu’ait jamais connue Bulle.

Le match de votre vie?

Peut-être le premier derby disputé contre Firbourg en LNB. Je venais de Fribourg, on avait gagné 3-0 à Saint-Léonard.

Un modèle?

J’aimais bien le style de Karl Engel et d’Eric Burgener, mais je n’ai jamais voulu leur ressembler. Je suis ma propre copie! Chaque gardien se construit tout seul.

Un mot qui vous caractérise?

La fidélité. En tout.

Textes: Nicolas Jaquier
Photos: Nicolas Repond
Article “Le Matin” 11.08.2002

Liburn Azemi, junior de YB, ancien du FC Bulle

«Le FC Bulle m’a appris à détester la défaite»

 

Liburn Azemi a fait ses premiers pas avec un ballon à Bouleyres. Aujourd’hui, il fait partie des espoirs des Young Boys de Berne. Cet été, il devrait même intégrer les U18 après avoir fait ses classes avec les U16 et les U17. Le Bullois de 16 ans évoque sa saison, ses ambitions et ses premiers souvenirs. Fan de Lionel Messi – et gaucher comme lui –, il souhaite continuer à prendre du plaisir avant tout.

Liburn, merci de nous accorder du temps. Comment vas-tu?

Très bien merci. La saison a pu reprendre et va aller à son terme. Ça fait plaisir après tant de mois de galère… Cette pause devenait vraiment pénible à vivre, surtout pour moi qui adore jouer au football.

Quel regard portes-tu sur ta saison?

Tout se passe pour le mieux, hormis une blessure à la cheville. Sinon, je joue beaucoup au poste de milieu de terrain offensif au sein des M17 de Young Boys. Je suis même capitaine de mon équipe et cette nomination résonne comme une fierté. Il faut se rendre compte de la grandeur d’un club comme YB, des classes juniors à la première équipe.

Quelle sont tes ambitions pour la suite?

Avant toute chose, je ne souhaite pas brûler les étapes. Je vais continuer à me développer en M18 la saison prochaine. Ensuite, mon rêve serait d’intégrer l’équipe première des Young Boys. Ici, chaque jeune espère sortir du lot et faire partie des élus. Je sais qu’il me reste du chemin à parcourir et je vais tout faire pour y arriver. De plus, je souhaite réussir mes études à l’école de commerce, à Gambach. Elles sont tout aussi importantes.

En plus de ton très beau parcours à YB, tu as également été appelé en sélection junior nationale.

Oui, ces sélections représentent un très grand honneu. J’ai joué en M14 et en M15 et je fais partie de la sélection pour les M16. Ces matches internationaux, c’est la grande classe et cette expérience est bénéfique. On côtoie de très forts joueurs d’autres horizons.

Quelle fierté pour notre club de voir un ancien junior à Young Boys. Quels sont tes premiers souvenirs au FC Bulle?

Avec des amis, on jouait tout le temps au foot et on a décidé de s’inscrire ensemble à l’école de foot. Mon premier entraîneur Arie Tollenaar m’avait fait directement passer en F, avec les plus grands. Je me rappelle que je ne me rendais pas compte de ce que cela signifiait. Je voulais juste m’amuser avec un ballon (rires).

Quel est ton parcours footballistique?

Après les F, j’ai joué avec les Guépards en E. C’était drôle ces noms d’équipes d’ailleurs. Ensuite, j’ai continué à jouer à Bulle avant de faire un tournoi de sélection pour intégrer les M12 du Team AFF. Ensuite, j’ai suivi cette filière avant d’être repéré par Young Boys.

Peux-tu tirer un parallèle entre le FC Bulle et Young Boys?

La notion de plaisir prédomine. Tous mes entraîneurs, que ce soit à Bulle ou à Berne, m’ont rappelé de ne pas oublier de s’éclater sur un terrain. Sans cela, ce n’est pas possible de continuer à s’entraîner. De plus, les deux clubs possèdent une ADN de compétiteur. A Bulle, les inter se doivent de jouer le haut du classement chaque année. Les entraîneurs des Young Boys habituent les juniors à vouloir terminer dans le haut du classement. Si je résume, le FC Bulle m’a appris à détester la défaite. Et, à Young Boys, j’ai retrouvé cette même politique.

Suis-tu toujours des équipes du FC Bulle?

Oui, bien sûr. Quand j’ai du temps le week-end, je vais voir mes amis qui jouent avec les inters A et B. C’est toujours sympa de revenir à Bulle pour des matches.

Philippe Kolly

 « Je pars avec le sentiment du devoir accompli »

Philippe Kolly occupe le poste de président du FC Bulle depuis dix ans. Il a choisi de quitter ses fonctions au 30 juin 2021 et de passer la main à ses successeurs: Alain Moradpour et Steve Guillod. Philippe a accepté de revenir sur son parcours à la tête de notre club. Interview.

 

Salut Philippe, merci de nous accorder un peu de temps. Comment te sens-tu au moment de quitter la présidence du FC Bulle?

Le sentiment est différent parce que j’ai choisi la date de mon départ voici deux ans. Je suis également soulagé d’avoir trouvé mes successeurs. Cependant, je dois bien avouer que le pincement au cœur est bien présent. En dix ans, j’ai côtoyé bon nombre de personnes qui sont devenues des amis.

Raconte nous ton arrivée au club.

Après le couac pour le 100e anniversaire du club, en 2010, le comité d’alors avait démissionné en bloc. Charly Grandjean et Patrice Bertherin cherchait un président pour le FC Bulle. Ils m’avaient dit qu’ils voulaient quelqu’un de strict et rigoureux pour permettre au club de retrouver son âme.

Avant d’accepter, as-tu négocié avec ta famille?

Tout à fait. Nous avions voté et le oui l’avait emporté par 3 voix contre 2! J’acceptais aussi ce poste de président pour apprendre à gérer les médias et un groupe de bénévoles. J’avais quand même l’impression qu’ils m’envoyaient à la pêche aux crabes (rires).

 

Avant ta nomination, quel lien entretenais-tu avec le FC Bulle?

Je jouais pour le club, surtout en juniors. J’ai suivi la filière des inters de l’époque. J’aimais bien ce sport et je gardais de bons souvenirs en Bouleyres. Ensuite, j’ai évolué en 3e ligue avec Sâles avant de revenir avec la Deux de Bulle. Après quelques blessures, j’ai arrêté le football tout en suivant les résultats du FCB.

 

Te souviens-tu de ton premier match à la tête du club?

Oui, très bien même. C’était un match à Echallens et nous venions de retrouver la 1re ligue. Nous avions perdu 7-1 et je me rappelle avoir pensé: «Mais dans quoi je me suis fourré?»

 

Quelle fut la «patte Kolly» pendant ces dix ans?

Ce n’est pas facile de parler de soi, d’autant plus que je n’ai de loin pas agi tout seul. Je pense que j’ai tablé sur la stabilité tout en maintenant une rigueur financière. Après, tu sais, être président t’amène à beaucoup discuter et réfléchir pour trouver la meilleure solution pour le club. Je pense avoir été un président participatif plutôt que directif.

 

Le FC Bulle, ce n’est pas seulement la première équipe. Il compte aussi près de 600 juniors.

Tout à fait! Et je suis fier de notre rapprochement avec La Tour/Le Pâquier et de la bonne entente que j’ai entretenu avec le président Jean-Pierre Wehren. Cette fusion chez les juniors était une promesse que nous avons tenue.

Ma vision et celle du club a toujours été la suivante: garder le football compétition tout en gardant le même niveau de plaisir.

 

As-tu un mauvais souvenirs à partager?

C’est difficile d’en parler, parce que je n’ai pas forcément de regrets. Il y a toutefois cette relégation en 2e ligue inter vécue à Martigny en 2014… Ou cette non-promotion à Portalban/Gletterens en 2017. Sur 3600 jours de mandat, cela fait peu de mauvais souvenirs n’est-ce pas (sourire)?

 

Du coup, quels sont tes meilleurs souvenirs avec la 1re équipe?

Retrouver la 1re ligue en 2018 en finissant le championnat invaincu. Cette promotion sonnait comme un soulagement. Nous étions passés si proches les années précédentes que la pression devenait insoutenable.

Je garde également les derbys du dimanche matin dans un coin de ma tête. Ou alors un but venu d’ailleurs marqué par Sébastien Voelin à Lausanne pour nous éviter de craindre une relégation.

Je me souviens très bien de mon premier match en tant que président du FC Bulle. C’était une rencontre face à Echallens et nous venions de retrouver la 1re ligue. Nous avions perdu 7-1 et je me rappelle avoir pensé: «Mais dans quoi je me suis fourré?»

Philippe Kolly

Es-tu fier du travail que tu as accompli à Bouleyres?

Oui, sincérement. Les gens ne se rendent peut-être pas compte de l’ampleur de la tâche. Ce poste équivaut à un 25 ou un 30% de travail hebdomadaire. J’ai toujours pu compter sur des personnes qui m’ont épaulé. Que ce soit durant mes années d’apprentissage à la tête du FC Bulle ou au comité.

Aujourd’hui, je suis fier d’avoir stabilisé le club en 1re ligue avec un niveau de jeu qui tient la route, une équipe à majorité fribourgeoise et entraînée par un Fribourgeois. J’aime bien dire que nous nous trouvons sur la page gauche du télétexte. Nous possédons également cette place honorifique de club phare du canton.

 

Quels mots adresses-tu à tes deux successeurs?

J’ai une totale confiance en Alain (Moradpour) et Steve (Guillod) pour la suite. Ce binôme va bien fonctionner dans les années à venir et il va avoir du plaisir à diriger ce club. Je lui souhaite le meilleur pour la suite.

 

Quelle vision gardes-tu du FC Bulle?

D’un club qui bénéficie d’une belle image à l’extérieur de Bouleyres et qui est le plus haut placé dans le canton actuellement. On sent également que l’engouement est revenu dans les tribunes. Sans compter que le club suit une continuité certaine en se basant sur une formation de qualité. Si je dois glisser une petite doléance, ce serait de donner un coup de neuf aux infrastructures…

 

Je te repose la première question. Philippe, comment te sens-tu au moment de quitter la présidence du FC Bulle?

Je pars avec le sentiment du devoir accompli. Je n’oublierai jamais ce que le club, le comité, les entraîneurs et tous ses membres ont accompli ces dernières années. En dix ans, Bouleyres est devenu ma deuxième famille. Mais je te rassure, le rideau ne va pas tomber tout de suite. Je vais continuer de donner de la voie en tribune. Une partie de mon cœur restera à jamais rattaché au FC Bulle.

Je pars avec le sentiment du devoir accompli. Je n’oublierai jamais ce que le club, le comité, les entraîneurs et tous ses membres ont accompli ces dernières années. En dix ans, Bouleyres est devenu ma deuxième famille.

Philippe Kolly